On peut définir la santé mentale comme un état de bien-être permettant l'épanouissement personnel et offrant les ressources nécessaires pour remplir son rôle social et surmonter les moments difficiles.

En 2022, la santé mentale passe au cœur de la stratégie nationale et semble être reconnue comme un enjeu majeur de la santé publique. En effet, on remarque un essor impressionnant de personnes souffrant d’états dépressifs. Nous assistons à une véritable explosion du mal-être de nos contemporains.

Cet état est probablement multi factoriel mais on peut toutefois émettre trois hypothèses :

• La sécurité matérielle et sociale règne globalement dans le monde occidental. Lorsqu’un individu n’a plus à mener une lutte de chaque instant pour sa survie physique et matérielle, le mental prend une place prépondérante dans sa vie. Il est alors plus enclin à développer des déséquilibres psychiques.

• Notre société au libéralisme commercial exacerbé nous maintient dans une spirale de désirs matériels qui dépassent le cadre de nos besoins vitaux. Cette surconsommation perpétuelle est source d’angoisse, de soucis, de peurs, d'agitations, d'obsessions, etc.

• Notre société contemporaine a refoulé la dimension spirituelle de l'être humain. En quelques décennies, les valeurs matérialistes, technologiques ont étouffé la réalité subtile en chacun de nous. Constamment embarqué dans notre quotidien, nous subissons une vie dénuée de sens ("C'est pas une vie!"). La dimension existentielle est bâillonnée. En l'absence d'aspirations spirituelles, l'instinct de vie est dominé par celui de destruction.

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Il arrive donc que notre santé mentale se fragilise et cela peut se traduire par un dérèglement émotionnel et comportemental, par l'apparition de sentiments et de pensées qui viennent nuire profondément à notre bien-être. Tous les aspects de notre vie se trouvent alors affectés.

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Dépression

La dépression, aussi appelée trouble dépressif, est la maladie mentale la plus répandue dans le monde. Commençons d’abord par dire ce qu’elle n’est pas. En effet, contrairement à certaines idées reçues, il ne s’agit pas d’une déprime passagère ou d’un trouble de l’humeur.  La dépression est un trouble qui perdure dans le temps et affecte lourdement le bien-être.  Elle nécessite systématiquement un traitement. Bien que différente chez chaque individu qui en est atteint, la dépression se caractérise généralement par :

• des troubles émotionnels (tristesse, absence de plaisir ou d'envie, désespoir…) ;

• une vision noire et pessimiste de la vie ;

• une dévalorisation de soi ;

• un isolement social ;

• de grands changements dans le quotidien (hypersomnie ou insomnie, perte d’appétit, absence de libido, maux de tête, douleurs, troubles gastriques, etc.).

Si les origines de cette maladie restent floues, on considère que les traumatismes (relationnels, liés à l’enfance ou encore à un événement particulier) peuvent augmenter les risques de dépression, de même que les changements brutaux (décès, perte d’emploi, séparation…), les conflits (professionnels ou familiaux) ou encore les dépendances (drogue, tabac, alcool, jeux vidéo, etc.).

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Dépression et Médecine Traditionnelle Chinoise

Contrairement à la médecine moderne, où l’on pourrait songer à soigner corps et esprit séparément, le concept de santé mentale n'existe pas en MTC puisque l'esprit et le corps sont inséparables.

En effet, on considère la personne dans son intégralité. L’approche de la "maladie mentale" est donc très différente puisque les troubles sont somatisés par des explications physiques en plus des troubles psychologiques.

Ainsi, l'idée selon laquelle une maladie serait exclusivement mentale n'est pas considérée.

Elle est perçue d’une toute autre façon. Dans la médecine chinoise ancienne, on parlait principalement de Yu zheng (“syndrome dépressif”) pour y faire référence. Yu peut être traduit par “dépression” mais aussi par “stagnation” renvoyant à l’origine principale du trouble.

Les troubles émotionnels

Les émotions affectent les organes. On parle ici d’émotions récurrentes qui provoquent un déséquilibre du corps lorsqu’elles sont présentes pendant une longue période.

En MTC, nous essayons de déterminer les causes de ces troubles, causes qui peuvent venir de vides et/ou de trop pleins et/ou de stagnations.

Il est important de connaître les liens entre organes et émotions :

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Voici quelques exemples de causes différentes entraînant donc des symptômes différents :

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• La dépression avec sentiment de tristesse excessif et pleurs fréquents. On parle ici également de mélancolie, d’accablements ou de sentiments de deuil. En MTC, la tristesse va bloquer la fonction de diffusion du Poumon (toux, voix faible, transpiration rapide, etc.). Cette émotion peut également altérer l’élan vital et la joie associés au Cœur (palpitations).

 

• La dépression par le Foie survient lorsque la tension émotionnelle (colère, frustrations, irritabilités, refoulements, etc.) affecte le Qi jusqu’à provoquer la surpression du Foie. Cette dépression s’accompagne toujours de colère sous-jacente, de difficultés à s’organiser et de réponses émotionnelles souvent cassantes. L’explosion de ces colères est presque toujours dirigée vers des proches, en particulier dans le milieu familial. On peut observer ici aussi des pleurs comme dans le premier cas mais ils servent surtout à apaiser la tension intérieure. Dans le cycle des émotions, le métal (tristesse) peut contrôler le bois (Colère)…

 

• La Rate est rattachée à une émotion (comme chaque organe) qui, si elle est bien gérée, correspond non pas aux ruminations mais à la réflexion. Or, les soucis récurrents, les inquiétudes persistantes, les pensées obsessionnelles, le surmenage intellectuel peuvent blesser la Rate. La pensée devient alors confuse, les réactions mentales sont plus lentes, la mémorisation et la concentration deviennent difficiles. La rate étant lésée, le sang est moins produit et le Cœur s’en trouve affecté.  On peut observer des insomnies, des palpitations ou encore des troubles alimentaires variés.

 

• Dans le tableau suivant, la personne n’a pas toujours de raisons évidentes de dépression. Il s’agit plutôt d’états dépressifs où la personne n’a plus envie de rien, plus de force réalisatrice. La moindre activité coûte beaucoup d’énergie et le patient n’a plus de projet essentiel, d’objectif porteur. Il perd sa motivation, sa raison d’exister. Ici, la personne peut se réfugier dans le sommeil pour éviter la confrontation avec la réalité et pour, inconsciemment, limiter les dépenses de Qi et de Yang. Les Reins sont lésés. On peut arriver à la même conclusion suite à une grande peur (frayeur) qui va s’opposer à l’élan de réalisation. Cet élan est blessé, on perd la volonté d’exister et de se manifester. On peut également observer de la frilosité, de l'impuissance, de la frigidité, une faiblesse des lombaires, etc.

 

Conclusion

La liste des cas proposés n’est pas exhaustive. L’individu étant au centre de la thérapeutique, il faut se rapprocher d’un praticien pour déterminer les causes exactes de sa dépression. La prise en charge se fait de façon individuelle, en prenant en compte la spécificité, le vécu et les symptômes de chacun. La voie de la médecine chinoise est une excellente approche complémentaire puisqu’elle ajoute la dimension corporelle et tient compte de l’individu dans le traitement.

Elle nous parle de ce qui circule, ce qui stagne. C’est une vision dynamique d’un monde en mouvement, à la fois théorique en proposant une vision thérapeutique de l’homme, et pratique avec ses outils (pharmacopée, massage, acupuncture, etc.,)

 

 

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